14/04/2014
POUR UNE EUROPE SOUVERAINE
Editorial
Dans un précédent livre Pour une Europe puissance, dans un monde plus ordonné publié en 2005 chez le même éditeur, je dénonçais « la collusion de fait entre les souverainistes et les adeptes d’une Europe qui se réduirait à une simple zone de libre échange ».
A travers divers textes qui se voulaient être autant de plaidoyers que de leitmotivs, j’appelais tous les défenseurs de l’Europe puissance à se rassembler en transcendant leurs clivages politiques pour faire avancer ce grand projet.
Dans l’introduction, j’indiquais notamment : « Je crois en une Europe qui oserait s’affirmer en tant que telle, c’est-à-dire en tant qu’Europe puissance, afin de permettre aux Etats, aux nations et aux peuples qui la composent de compter et de ne pas perdre leur rang et leur rôle.
Je crois en une Europe des valeurs, forte, imprégnée d’humanisme, de raison, de la philosophie des lumières et de son héritage culturel, respectueuse tant des droits et des devoirs de l’homme et de la femme, qui sache s’affirmer et s’imposer afin de faire respecter précisément ces valeurs et ces principes pour lesquels des générations entières ont combattu, parfois au sacrifice de nombreuses vies.
Je crois en une Europe unie qui permettrait à chacune des nations qui en ferait partie d’enrayer son inéluctable déclin si d’aventure elles entendaient rester à l’écart de ce projet, de ce grand dessein comme j’ai l’habitude de le désigner. »
Car l’Europe, en effet, est un grand dessein. Sous réserve, évidemment que l’on ne se contente pas de construire l’Europe des marchands, mais que l’on ait vraiment à cœur de faire celle des citoyens et des peuples d’Europe.
Expliquer, expliquer encore et toujours les raisons de croire en l’avenir de l’Europe en tant que puissance m’a toujours paru être quelque chose de consubstantielle à notre propre survie en tant que civilisation.
Abandonner une part de souveraineté au niveau de chaque nation, c’est aller vers une souveraineté partagée au niveau européen, c’est accepter l’idée d’une Europe souveraine. Or, une Europe souveraine, c’est permettre aux peuples qui l’habitent de continuer à pouvoir jouer un rôle sur la scène du monde et amplifier l’écho de leurs voix dans le concert des nations.
Dès 1992, je dénonçais une politique d’élargissements prématurés : « Vouloir anticiper là encore les échéances, ne conduirait qu’à provoquer l’écroulement d’un édifice dont on doit d’abord consolider les bases si l’on souhaite qu’il puisse résister aux aléas de l’Histoire. »
L’élargissement de l’Europe ne doit pas être une fin en soi et servir d’alpha et d’oméga au projet européen.
L’Europe est confrontée à une grave crise d’identité. Nous le savons depuis longtemps. En mai 1994, j’indiquais : « L’Europe qu’il s’agit de construire est celle des citoyens et non celle des nationalismes et des tribus.»
Dans le même sens, il m’a toujours paru fondamental pour l’avenir de l’Europe que les femmes et les hommes d’Europe sachent transcender leurs clivages partisans sous peine de rendre impossible la concrétisation de cette grande idée qu’est le concept d’Europe unie.
L’Europe n’est pas qu’un espace géographique. C’est aussi et surtout une histoire et une culture.
De l’antiquité gréco-romaine jusqu’à l’époque contemporaine en passant par la Renaissance, l’Europe a joué un rôle fondamental dans l’émergence d’une civilisation phare et n’a pas cessé d’essaimer idées et projets qui ont fait le tour du monde.
Là où certains raisonnent en termes de parts de marché, il faut que nous raisonnions en termes de civilisation et c’est cette approche qui doit guider nos pas.
Promouvoir une Europe puissance, une Europe souveraine permettra précisément à cette civilisation de rayonner et de se développer.
A l’évidence, tous les Etats de l’Union ne sont pas prêts à faire le saut qualitatif qu’impose cette approche et cette volonté de franchir un pas décisif. Aussi, est-il urgent qu’une avant-garde, un noyau dur se constitue afin de donner l’impulsion nécessaire. Rien ne serait pire que l’inaction et le sentiment que décidément l’Europe Unie demeure un vœu pieux.
Toujours dans le même sens, j’écrivais en septembre 2003 : «Aussi, le moment est-il sans doute proche où quelques-uns des Etats fondateurs et quelques autres Etats membres de l’Union européenne devront prendre des initiatives fortes afin de donner le jour, au sein de l’Union actuellement en devenir, à cet embryon véritable de l’Europe puissance que nous appelons de nos vœux.»
Avec mes amis du Rassemblement Civique pour l’Europe, club de réflexion et de propositions politiques, j’ai toujours milité et tenté d’œuvrer en faveur d’une Constitution européenne qui aurait pu être, qui aurait dû être l’acte fondateur de cette Europe puissance, de cette Europe souveraine. C’est pourquoi le premier éditorial retenu dans ce livre explicite les raisons de mon choix en faveur du oui lors du référendum relatif au traité constitutionnel de 2005. Les textes suivants constituent autant de plaidoyers et de leitmotivs en faveur de l’émergence d’une Europe souveraine, seule réponse crédible aux thèses des europhobes qui défendent le souverainisme au niveau des seuls Etats et se trompent ainsi de temps et d’époque.
Mis bout à bout et précédés d’un court texte rappelant le contexte dans lequel s’inscrivait chacun de ces textes, ils complètent ceux qui étaient réunis dans Pour une Europe puissance dans un monde plus ordonné et ont la « modeste ambition » de proposer des pistes de réflexion, voire des solutions pour permettre au projet européen de rebondir et de retrouver l’adhésion des peuples.
Puissent les quelques propositions et idées développées tout au long des pages qui suivent alimenter positivement le débat et être relayées par les acteurs du changement au niveau européen, c’est-à-dire bien sûr les dirigeants mais aussi les citoyens.
Puissent-ils aussi constituer autant de réponses de nature à endiguer la montée en puissance d’europhobes qui ne mesurent pas les effets négatifs que ne manqueraient pas d’entraîner pour chacune des nations d’Europe la mise en œuvre de leurs propres propositions.
Gérard-David Desrameaux
* L’auteur reproduit ici l’introduction de son dernier livre : Pour une Europe souveraine, Ecrits et plaidoyers.
Dans le même sens, il en reproduira prochainement la conclusion.
22:55 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe souveraine, europe puissance, europe des citoyens, souveraineté partagée, europhobie, euroscepticisme
08/11/2013
POUR UNE MEILLEURE MOBILISATION DES PRO-EUROPEENS
Editorial
Dans quelques mois, les Européens éliront leurs nouveaux représentants au sein du Parlement européen. Ils le feront dans un contexte particulièrement peu favorable au concept d’Europe unie.
En effet, l’idée européenne est en recul dans l’imaginaire populaire. Le manque d’initiatives tendant à renforcer les institutions européennes, des élargissements prématurés sans approfondissement préalable et sans les aménagements indispensables, l’absence de repères et de visions claires sur l’avenir de l’Union et sur le type d’Europe que l’on souhaite voir s’édifier ont alimenté des peurs et des interrogations permettant aux sceptiques et adversaires de toujours de l’Europe de surfer sur des vagues de populisme qui risquent de se transformer en tsunami si les partisans d’une construction européenne crédible, fiable, donc dotée des instruments de la souveraineté, ne sont pas capables de tenir un discours clair, offensif et précis.
Les élections européennes sont, nous l’avons déjà dit, des élections atypiques. Or, il faut savoir que dans le contexte actuel les risques sont grands pour les partis pro-européens de faire un très mauvais score du fait de poussées populistes importantes dans tous les Etats de l’Union lors des prochaines échéances électorales.
L’Europe, celle de Bruxelles notamment, étant en permanence montrée du doigt et tenue pour responsable de tous les errements des dirigeants des différents Etats.
Dès maintenant les partis devraient être en campagne, faire œuvre pédagogique, mobiliser leurs troupes, galvaniser l’ardeur des Européens de cœur et « démonter » les discours des eurosceptiques.
Or, il n’en est rien.
Cette démobilisation, cette apathie, cette léthargie a de quoi inquiéter car le temps presse.
Pendant ce temps, nous le constatons tous les jours, ceux qui ne croient pas dans le projet européen sont à l’œuvre. Ils s’activent et s’évertuent à déconstruire ce que d’autres ont péniblement construit au cours des dernières décennies.
Ils sont hélas largement aidés par des comportements et attitudes d’Européens sans doute sincères et convaincus mais qui n’ont rien fait pour ranimer la flamme vacillante des bâtisseurs d’hier.
Il est consternant de constater qu’aucune proposition crédible, qu’aucune vision d’ensemble, qu’aucun projet cohérent n’a été proposé aux citoyens d’Europe par certains qui semblent n’avoir qu’une idée en tête : être de nouveau candidat et surtout en bonne position sur une liste leur permettant d’être élu ou réélu.
Mais où est le programme ? Quelles sont les propositions ? Où sont les convictions ?
Dès lors, il ne faudra pas s’étonner si une fois de plus, à l’instar des précédentes élections européennes, nombre d’électeurs se détournent des urnes ou envoient à Strasbourg des représentants peu motivés, voire eurosceptiques si ce n’est hélas pour certains d’entre eux des europhobes.
La plupart des partis épousant l’air du temps adoptent des profils bas. Puissent les avocats d’une Europe puissance faire entendre leurs voix et se distinguer de tous ceux qui se préparent une fois de plus à mettre leur drapeau dans leur poche.
On attend des pro-européens qu’ils tiennent un discours de conviction et qu’ils fassent preuve de courage et d’ambition afin d’inverser le cours des choses qui ressemble fort à une pente fatale.
Gérard-David Desrameaux
21:23 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections européennes, parlement européen, eurosceptiques, europhobes, populisme, europe puissance, pro européens
13/07/2013
A PROPOS DE : L'avenir de l'Europe
Dans le journal Le Monde daté du 5 juillet dernier l’ancien Premier ministre Alain Juppé déclarait : « L’Europe est en danger de mort parce que le sentiment d’euroscepticisme, et même d’hostilité, ne cesse de grandir dans beaucoup de pays. Il faut alerter les Français : le programme du Front national, c’est la déconstruction de l’Union européenne. Et si l’Union européenne disparaît, le pire redevient possible. Les pro-européens doivent se mobiliser et commencer par dissiper un certain nombre de mensonges. La crise de 2008 n’est pas née en Europe mais aux Etats-Unis, et si aujourd’hui nous sommes surendettés, ce n’est pas la faute de Bruxelles, c’est celle des Etats nationaux. »
On ne peut qu’être d’accord avec de tels propos. Il y a urgence. La mobilisation s’impose car les menaces sont lourdes de conséquences quant à l’avenir de l’Europe comme nous n’avons cessé de le dire depuis des mois, voire des années.
Et s’il est évident que lors des prochaines élections européennes le vrai débat ne devrait pas être un combat frontal entre droite et gauche mais un combat entre ceux qui croient en l’avenir de l’Europe et ceux qui n’y croient pas, encore faut-il dire de quel type d’Europe on entend se faire les hérauts.
Il ne suffit pas, il ne suffit plus de dire que l’on est pour ou contre l’Europe. Il faut faire le choix d’une Europe politique, d’une Europe puissance dotée précisément des instruments de la souveraineté, d’une Europe d’essence fédérale et dotée de sens, d’une Europe qui puisse répondre à l’attente des peuples qui la composent et être un grand dessein pour les femmes et les hommes des générations qui se lèvent.
Gérard-David Desrameaux
16:49 Publié dans A PROPOS DE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain juppé, union européenne, front national, crise de 2008, europe puissance